• Who Am I; « Cela ne fait peut-être que deux ans que notre Altesse est au contrôle du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande, mais nous pouvons déjà ressentir qu’elle n’est plus la petite princesse que nous avons vu grandir. Les fonctions qu’elle occupe sont d’une importance capitale et nous comprenons ce changement de caractère. Nous ne pouvons la blâmer d’être devenue si stricte et autoritaire, que ce soit envers son personnel comme envers son peuple.

« Son ambition est humainement inimaginable, elle montra d’ailleurs même assez de caractère pour écarter sa propre mère des affaires publiques. Elle manifeste en effet la plus grande fermeté dans l’accomplissement de sa tâche et ne prévoit pas de se défaire de ses droits régaliens. En effet, être Reine de sa nation ne signifie pas pour elle faire œuvre de présence et sourire timidement à son peuple. Victoria se montre déjà comme une femme forte et indépendante, qui tient à ses pouvoirs et qui ne compte pas en être rabaissée au silence que lui inflige son statut de « sexe-faible ».

« Cependant, elle n’en oublie pour le moins pas sa féminité. Elle fait d’ailleurs preuve en société d’une grâce et d’une élégance qui lui sont propres.

« Notre Altesse Victoria est déjà fort appréciée de son peuple et de son entourage, faisant preuve de charisme, de force, d’honneur, mais aussi de féminité. Nous sommes persuadés que le monde se souviendra de notre Reine comme l’une des plus grandes de toute l’histoire du Royaume-Uni de Grande Bretagne et d’Irlande, pour ne pas dire, du monde entier.

« Longue vie à notre Altesse, la Reine Victoria ! »

• What I look like; « Victoria a grandi pour devenir une jeune femme très séduisante, vous savez. Bien qu’elle n’ait pas la poitrine et les hanches aussi généreuses qu’on en attend des femmes en ce dix-neuvième siècle, nous arrivions jouer sur sa jolie taille fine pour émoustiller ses jeunes prétendants. Elle obtint son teint pâle rosé et ses traits raffinés de sa très chère mère, Madame la Princesse Victoria de Saxe-Cobourg-Saalfeld. De même pour sa chevelure brune qu’elle maintenait en un élégant chignon.

« Au palais, nous faisions très attentions aux apparitions public de la princesse. Sa toilette se devait d’être remarquablement belle et nous faisions intervenir les plus grands tailleurs du Royaume. Le corset était bien évidemment de rigueur pour une demoiselle de cette importance, bien qu’elle ne les apprécie guère. »

« Le 24 Mai 1819 était un grand jour. Jour où Monsieur le Prince, Duc de Kent et Madame la Princesse Victoire de Saxe-Coburg-Saalfeld eurent leur premier enfant : Alexandrina Victoria. A cette époque on ne se faisait point beaucoup d’illusions quant aux chances de la petite de devenir héritière de la couronne. En effet, elle n’était que cinquième dans l’ordre de succession au trône.

« Son père décéda, paix à son âme, décéda peu de temps après sa naissance, laissant sa charmante petite fille aux mains de sa mère qui prit en charge son éducation au Kensington Palace. La Princesse Victoire étant d’origine allemande, la plupart des domestiques de la maisonnée ne parlaient que cette langue, nous n’étions que peu à parler anglais. L’allemand sera donc la langue maternelle de la petite princesse, bien que très vite elle fût capable de maîtriser l’anglais.

« Victoria reçut une éducation libéral par sa mère, qui l’initia par la même occasion à la musique, au dessin, à la philosophie, à certaines langues étrangères. La petite se passionna rapidement pour l’histoire et montra des talents exceptionnels pour le Français, l’Italien, le dessin mais aussi le chant.

« Elle était une enfant très malicieuse et pleine de vie. Je ne puis me souvenir d’un seul jour où son grand sourire ne mis point du baume sur nos vieux cœurs fatigués. Ne vous méprenez pas, la Princesse Victoria n’était en aucun cas turbulente et faisait en revanche preuve d’une grâce naturelle qui la rendait d’autant plus admirable à nos yeux.

« Dès son plus jeune âge elle pris soin de tenir un journal. Nous ne savons pas ce qu’elle y transcrivait, et jamais nous n’aurions osé le demander. Faire preuve d’autant d’indélicatesse n’est point tolérable lorsque l’on se trouve au service de personnes si importantes. Chaque soir, avant d’aller dormir, la Princesse rédigeait quelques pages et rangeait très consciencieusement son petit carnet ainsi que sa plume dans le tiroir de son boudoir.

« L’arrivée au pouvoir de William IV suite à la mort de son frère ayant succédé à leur père le Roi George III, un bruit commençait à courir quant aux fortes probabilités que la petite Princesse Victoria devienne un jour Reine. Je ne devrais peut-être pas vous le dire, mais je me sens le devoir de tout vous révéler... En effet, William IV eu de nombreuses maîtresses et mis au monde une dizaine d’enfants illégitimes. Le seul enfant légitime qu’il eut fut la petite Charlotte qui mourut très jeune, c’est pourquoi il n’avait pour lui aucun héritier au trône s’il succombait.

« Maintes disputes familiales tournèrent autour de l’adolescente, vu par le Roi son oncle comme une menace, ayant été élevée de manière libérale quand lui était un conservateur. De  nombreuses sorties furent prévues pour la Princesse. Nous étions alors chargés de préparer sa toilette pour ses premières apparitions devant le peuple.

« Il nous était parvenu bon nombre de rumeurs, quant à certaines personnes mal-intentionnée envers la Princesse Victoria. On accusait nos opposants de tentatives d’assassinat. C’était il n’y a point si longtemps si vous voulez tout savoir. La crise est terminée, du moins, je ne suis pas le seul à l’espérer, nous sommes tous inquiet, mais au moins nous savons notre maîtresse saine et sauve. Bien que ce ne fut point toujours le cas.

« Devenue une jeune et jolie adolescente, la Princesse reçut la visite de plusieurs de ses cousins dans le but de trouver celui avec qui elle partagera le trône, mais le choix ne se fit sur aucun d’entre eux. La Princesse Victoria continuait ses apparitions à Londres où elle prenait beaucoup de plaisir à assister aux opéras Italiens toujours accompagnée de sa mère. De l’extérieur nous n’entendions que de bonnes choses à propos de la Princesse Victoire mais la réalité dans la maison était toute autre si je puis me permettre de vous en faire la confidence. La relation mère-fille qu’entretenaient nos maîtresses était plutôt glaciale, Madame sa mère ne montrait aucune affection à sa fille mais cette dernière n’en semblait pas gênée. La relation épistolaire qu’elle entretenait cependant avec son oncle Roi des Belges, Leopold, la rendait très heureuse. La Princesse me confiant personnellement ses lettres à mener au messager. Je ne sais ce qu’elles contenaient mais ces échanges semblaient être les seuls moments de joie de la jeune Princesse Victoria.

« Le Roi Leopold fut très important pour la Princesse Victoria, il fut un conseiller avisé lorsque sonna l’heure du couronnement de l’adolescente.

« Ayant atteint ses dix-huit ans peu avant la mort de William IV, évita la régence de sa mère et devint finalement Victoria, Reine du Royaume-Uni de la Grande-Bretagne et de l’Irlande.

« Je suis heureux de servir notre Altesse la Reine depuis sa plus tendre enfance. Sachez bien que ce petit récit de la vie de Madame ne doit tomber dans les mains de n’importe qui. Bien qu’ayant gagné l’affection de sa Majesté, un tel acte serait passible de peine de mort. Je vous prie donc de garder le silence sur tout ce que je viens de vous apprendre. Pardonnez-moi ces bruits de couloirs, la majorité de ce que je vous apprends ici n’est que ce qu’il m’a été donné d’entendre durant mon service en tant que... Il vaut mieux que je me taise à ce sujet. Bonne continuation, étranger.

« Longue vie à notre Altesse, la Reine Victoria ! »